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Le ventre chaud de l’Antarctique

Par Marie-Claude Frenette, Radio-Canada avec BBC, 13 novembre 2017

Évaluer l’intensité de la chaleur qui émane de la roche sous-jacente à la calotte glaciaire en Antarctique contribue à déterminer les effets qu’auront les changements climatiques sur le continent. Une nouvelle carte permet d’identifier des zones plus à risque.

Plus la température du sous-sol rocheux s’élève, plus il est probable que la couche de glace située au-dessus de celui-ci soit en mesure de bouger.

Si la calotte glaciaire est déjà touchée par le réchauffement climatique, ces perturbations pourraient être accélérées par le niveau du « flux de chaleur géothermique ».

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La carte produite par les chercheurs du British Antarcic Survey Photo : Radio-Canada

Il s’agit donc d’un facteur clé étudié par les chercheurs du British Antarcic Survey (BAS), qui ont conçu cette nouvelle carte publiée dans le journal scientifique Geophysical Research Letters. C’est également la carte la plus révélatrice produite jusqu’à maintenant.

« La chaleur provenant de l’intérieur de la Terre représente un élément important pour comprendre l’ensemble des conditions qui contrôlent la dynamique à la base de la calotte glaciaire. »
– Yasmina Martos, assistante de recherche pour l’Agence spatiale américaine (NASA)

Mme Martos explique que si le flux de chaleur est élevé, la glace peut fondre à la base et l’eau produite devient une pellicule glissante.

Les scientifiques du BAS ont notamment découvert que le flux de chaleur est plus élevé en Antarctique occidental, où la glace fond actuellement plus qu’en Antarctique oriental.

« Un peu de fonte à la base de la calotte glaciaire peut être suffisante pour permettre à la glace de glisser plus vite. Nous avons aussi identifié des zones de faible flux de chaleur qui aideront à stabiliser la calotte polaire. »
– Yasmina Martos, assistante de recherche pour l’Agence spatiale américaine (NASA)

Magnétisme

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il n’est pas nécessaire de creuser à travers des kilomètres de glace pour mesurer la température de la roche en dessous de la calotte glaciaire.

L’équipe du BAS estime plutôt le niveau de chaleur des roches selon leur magnétisme. Elle fait flotter par avion, au-dessus de la surface, des instruments conçus pour mesurer cette propriété.

Les scientifiques connaissent la température (580 degrés Celsius) à laquelle les minéraux chauds perdent leur magnétisme. Donc, s’ils sont capables d’estimer à quelle distance de la limite entre la glace et la roche cela se produit, ils peuvent ainsi avoir une idée du niveau du flux de chaleur.

L’évaluation illustrée sur la nouvelle carte constituerait une amélioration de 30 % à 50 % par rapport aux efforts précédents.

Les résultats soutiennent la thèse reconnue selon laquelle l’Est et l’Ouest sont deux provinces très différentes, mais avec davantage de détails.

L’Est est décrit comme une imposante vieille croûte continentale froide. Tandis que l’Ouest a subi récemment, durant le Crétacé, une période géologique qui s’est produite il y a 100 millions d’années, une fissure qui l’a démonté en pièces.

« Cette fissure a épaissi la croûte et a apporté des profondeurs de la Terre, à des centaines de kilomètres de la surface, des matériaux chauds jusqu’à une distance de 100 km ou moins de la surface rocheuse. »
– Tom Jordan, coauteur de l’étude du British Antarcic Survey

« Cela confirme également ce à quoi on pouvait s’attendre par rapport à la géologie clairsemée de l’Antarctique occidental, où il y a des volcans », ajoute le chercheur.

Projecteurs sur le réchauffement

Cette étude survient au moment où 15 000 scientifiques dans le monde ont conjointement signé un « avertissement pour l’humanité » quant aux préoccupations environnementales à prendre en considération pour sauver la planète.

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(Natacha Pisarenko/Associated Press)

Cette initiative provient de William Ripple, un professeur d’université en Oregon aux États-Unis, qui a décidé de renouveler un projet similaire effectué il y a 25 ans et appuyé à l’époque par 1500 scientifiques.

Dans la plus récente version de l’avertissement, M. Ripple et son assistant de recherche, Chritopher Wolf, ont revisité les préoccupations mises en lumière en 1992 et ont collecté des données quant à différentes variables pour constater des tendances au cours des dernières années.

Parmi les facteurs inquiétants, ils ont noté la baisse des réserves d’eau douce disponibles, la pêche maritime non durable, les zones mortes dans l’océan, la perte de forêts, la diminution de la biodiversité, les changements climatiques et la croissance démographique.

Le seul changement positif qu’ils ont remarqué est le déclin de l’amincissement de la couche d’ozone.

Selon M. Ripple, l’amélioration de l’état de la couche d’ozone démontre que l’humanité peut changer les choses lorsque cela devient nécessaire.

 

Source : Radio-Canada