Par Simon Lesage, 5 janvier 2018
Les fonds marins s’écrasent. Petit problème, cela semble fausser complètement les données mesurées depuis des années concernant la montée du niveau des océans.
Et si les océans, à cause du poids de l’eau, étaient en train d’écraser le fond sur lequel ils reposent ? C’est ce que laisse penser les calculs d’une équipe de chercheurs, qui montrent que le lit océanique s’est abaissé, dans certains endroits, de plusieurs centimètres ces dernières décennies.
Le hic, c’est que cet enfoncement remet en question les calculs faits sur la hausse du niveau de la mer et des océans. L’étude publiée dans la revue scientifique « Geophysical Research Letters », menée par des chercheurs des univeristés de Tasmanie et de Delft (Pays-Bas), avance des chiffres très variables selon les régions, allant de 2 millimètres d’enfoncement à 2 centimètres à d’autres endroits. Si cette mesure peut sembler infime et sans conséquence, il faut se rendre compte qu’il s’agit des océans entiers qui font pression sur l’ensemble du sol de notre planète.
Réchauffement climatique et faux calculs
Deux des principaux coupables de ce phénomène : le réchauffement climatique et la montée des océans. Cet affaissement est une conséquence directe de l’augmentation de la masse globale de l’eau sur Terre, et de son niveau. S’il existe plusieurs raisons géologiques à l’augmentation du volume de l’eau contenue dans les océans, au moins deux d’entre elles sont directement liées à l’activité humaine : la fonte des glaces et le réaménagement du stockage de l’eau (réservoirs et lacs artificiels…).
Comme ils ne prennent pas en compte l’enfoncement du sol, les calculs sur la hausse du niveau de l’eau et sa masse seraient donc faux depuis 1993, comportant une sous-estimation d’environ 8 %, selon l’étude.
« Pendant l’ouragan Harvey, le sol s’était affaissé d’environ deux centimètres »
Un des auteurs, Thomas Frederikse, explique avec ses co-auteurs que cet écrasement deviendra inévitablement important à mesure que le réchauffement climatique avance. Ils ajoutent qu’à l’avenir, « la hausse du niveau de l’eau induite par la fonte des calottes glaciaires sera plus forte », et que la « déformation du lit océanique suivra ».
À une si grande échelle, le phénomène est plutôt impressionnant et difficile à visualiser. Mais dernièrement, pendant l’épisode de l’ouragan Harvey, qui a littéralement inondé le Texas, la Terre a bien montré son petit côté « chewing-gum » élastique. En prenant une telle trempe par la tempête, le sol s’était affaissé d’environ deux centimètres sur l’ensemble de la zone. Une fois l’eau absorbée et évacuée, le sol va peu à peu reprendre sa position initiale. Mais l’eau contenue dans les océans, elle, compte a priori y rester pour encore un bout de temps.

Source : Mashable France24