Par Noémie Moukanda, 7 février 2018
L’Aquarium de Vancouver se dote d’un nouveau programme de surveillance des polluants qui se retrouvent dans les eaux de la côte de la Colombie-Britannique.
Par le biais de son programme de conservation, Ocean Wise, l’Aquarium de Vancouver met en place un site Internet (pollutiontracker.org) qui affiche, dans une carte interactive, les différents polluants retrouvés dans les eaux britanno-colombiennes. Plus d’une cinquantaine de sites y sont répertoriés. Cet outil numérique s’adresse à tous, et ses concepteurs espèrent qu’il ouvrira la discussion au sein des établissements scolaires, et des organismes privés ou gouvernementaux.

Cette initiative est une première dans l’histoire, affirme Peter Ross, vice-président de la recherche à Ocean Wise. Plusieurs entités sont à l’origine de cet outil telles que Pêches et Océans Canada, l’Autorité portuaire de Vancouver Fraser ainsi que celle de Prince Rupert, Metro Vancouver ou encore des Premières Nations et des scientifiques.

Durant les dernières années, les chercheurs ont analysé des échantillons de moules et de sédiments le long de la côte, car ce sont là que se loge le plus grand nombre de contaminants. Les biphényles polychlorés (BPC) sont les substances toxiques les plus répandues « dans notre environnement même s’ils ont été réglementés en 1977 au Canada », souligne Peter Ross, vice-président de la recherche à Ocean Wise.
Victoria, un port fort pollué
Les zones industrielles et urbaines possèdent les eaux plus polluées de la Colombie-Britannique, affirme Peter Ross. Le port de la capitale Victoria détient le taux de contaminants le plus élevé, ceux-ci allant des BPC aux pesticides en passant par des métaux tels que le plomb ou le mercure. Cette forte concentration de polluants s’explique par « le fait que le port de Victoria est peu profond, par conséquent, vulnérable à toute forme de contaminants qui rentrent dans ses eaux ».
« Les concentrations sont [en revanche] modérées dans le port de Vancouver, car celui-ci est plus profond et jouit, du coup, d’un facteur de dilution plus important et d’un processus de sédimentation qui va encapsuler les polluants dans les fonds marins », ajoute le chercheur.
«[Les BPC] sont persistants, ils présentent une menace pour les épaulards. C’est un polluant très inquiétant.»
– Peter Ross, vice-président de la recherche à Ocean Wise
Conséquences sur l’humain
« Ce site Internet est là comme source d’information sur les polluants le long de la côte de la Colombie-Britannique », précise-t-il. Il ne vise pas « la santé humaine ». Il rassure cependant les personnes qui pourraient croire que les aliments de la mer sont contaminés : « La plupart des industries commerciales pour la pêche se retrouvent dans les zones moins contaminées. »
Toutefois, Peter Ross reconnaît qu’il y a des communautés autochtones qui dépendent très largement des produits alimentaires qui proviennent de l’océan. Les peuples autochtones consomment « 15 fois plus de produits de la mer que le Canadien moyen », indique le scientifique. « Cela indique qu’il y a une ressource qu’il faut protéger et surveiller pour les Autochtones au Canada et, surtout, en Colombie-Britannique ».
«Pour moi, il n’y a pas de drapeau rouge qui nous signale qu’il y a des dangers pour les humains ici, selon nos données.»
– Peter Ross, vice-président de la recherche à Ocean Wise
L’annonce du ministère des Pêches, des Océans et de la Garde côtière de modifier la loi sur les Pêches afin de mieux protéger tous les poissons et leurs habitats va dans le sens de cet outil, se réjouit le vice-président de la recherche d’Ocean Wise. « Cela représente pour moi une étape très importante quand on peut tirer avantage d’une source d’information afin de viser des solutions pour réduire notre impact sur les ressources aquatiques », conclut-il.
Source : Radio-Canada